Mohamed Ouahbi, L'entraîneur qui a rassemblé ce que les autres n'avaient pas
Mohamed Ouahbi, L'entraîneur qui a rassemblé ce que les autres n'avaient pas
Par Bouchra Chakir / Ati Mag
Nous tous, en tant que Marocains, et même ceux qui nous soutiennent d'autres pays et ceux qui aiment le défi et l'esprit combatif, nous avons tous apprécié le match des Lionceaux de l'Atlas de moins de vingt ans alors qu'ils affrontaient un adversaire solide, l'équipe de France, que beaucoup destinaient à remporter le titre. Et comme certains l'ont dit : "On a pu briser ce complexe français", par une victoire méritée contre les Bleus et la qualification pour la finale de la Coupe du Monde au Chili.
Pour Mohamed Ouahbi, "il y a dans la rivière ce qu'il n'y a pas dans la mer"…
Cette première réalisation en son genre est le résultat d'un travail d'équipe exceptionnel, dirigé par un entraîneur également exceptionnel. Parmi ses nombreuses qualités, la plus importante est peut-être d'avoir donné leur chance aux joueurs internationaux, sans pour autant dénigrer les joueurs des clubs marocains. Il ne s'est pas concentré uniquement sur les deux clubs traditionnels du Maroc, le Wydad et le Raja de Casablanca, comme c'était l'habitude de nombreux entraîneurs qui l'ont précédé. On le voit choisir plusieurs joueurs de l'Union Touarga Sports, ce club historique fondé en 1971 sur recommandation du défunt Roi Hassan II (que Dieu ait son âme), et qui a rejoint l'Académie Mohammed VI de Football pour employer des dizaines de joueurs de moins de 23 ans afin de les développer pour qu'ils atteignent le niveau professionnel. Il est donc un vivier d'excellence, et c'est pourquoi il a choisi plus d'un joueur parmi eux : Fouad Zahouani, Houssam Essadik, Mohamed Taha Maghni. On trouve également Mohamed Kebdani de l'AS FAR, et de Kawkab Athletic Club de Marrakech, un club oublié par certains entraîneurs bien qu'il ait enfanté et continue d'enfanter de nombreuses légendes, Ouahbi a choisi un de ses brillants fils, Younes El Bahraoui, dans la composition de départ. De la RS Berkane, il a sélectionné Ilyass Mahsoub, qui est prêté au Mouloudia d'Oujda. Il est certain qu'à l'avenir, il ouvrira la voie à d'autres clubs nationaux, même les moins connus, car pour lui, "il y a dans la rivière ce qu'il n'y a pas dans la mer"…
Même pendant les matchs, Mohamed Ouahbi n'a dénigré aucun joueur, donnant sa chance à tous, et tous se sont distingués comme une équipe complète qui mérite la confiance de son entraîneur et de sa nation… Mohamed Ouahbi, strict lors des entraînements, est le même homme souple et compréhensif… Nous l'avons vu hier, avant le début des prolongations, alors qu'il percevait une certaine frustration et beaucoup de fatigue sur les visages des joueurs ainsi que plusieurs blessures, leur répéter : "C'est pas grave c'est passé on reste en bloc maintenant et on pense à ce qui suit".
Il était comme le père qui vous pousse à persévérer mais en même temps ne vous fait pas sentir le poids de cela lorsque vous avez besoin de soutien psychologique au lieu de la rigueur. Oui, le match est terminé, maintenant nous passons à la phase suivante, nous ne penserons pas à ce qui est passé, concentrons-nous sur ce que nous allons faire. Telle fut sa réaction avec ses joueurs avant la première période de prolongation, ce qui a apporté un soutien encore plus grand à ces jeunes guerriers…
Mohamed Ouahbi, qui a conquis l'excellence, est un cadre marocain qui n'a jamais été joueur de football. D’ailleurs, je me suis toujours demandé, moi qui ai pratiqué le football féminin à El Jadida pendant un certain temps, puis le futsal en tant qu'entraîneuse avant que cela ne devienne qu'un hobby, pourquoi l'entraîneur doit-il nécessairement être un ancien joueur de football ?!
Et si j’osais poser cette question à voix haute, j'étais confrontée à quelques critiques ou même à l'expression (retournes à ta cuisine), alors que l'entraînement est aussi une sorte de cuisine où les choses sont préparées avec un mélange de technique, de concentration, d'habileté, assaisonné de passion et de science. C'est ce qui manquait aux autres entraîneurs : ces épices qui font la différence (la passion et la science). Mohamed Ouahbi, qui a commencé sa carrière comme enseignant, n'a pas oublié sa passion pour le football. Il est entré dans le monde de l'entraînement par le biais de l'Académie du club belge d'Anderlecht en 2003, entraînant toutes les catégories d'âge à partir de neuf ans, jusqu'à devenir entraîneur adjoint de l'équipe première. Il a excellé dans la production de stars du football européen, mais n'a jamais cessé d'étudier et a couronné son parcours académique en obtenant le plus prestigieux diplôme de l’(UEFA Pro).
C'est cette passion, affinée par la science et la connaissance, qui a fait de lui l'actuel Mohamed Ouahbi. Mais malheureusement, et surtout dans les pays arabes, l'image de l'entraîneur créatif est celle d'un ancien joueur de football distingué, alors que de nombreux entraîneurs qui étaient d'anciens joueurs exceptionnels n'ont pas donné grand-chose dans leur nouveau domaine de travail. Simplement parce qu'ils sont nerveux, défaitistes, ne font pas preuve de la patience nécessaire pour écouter et intégrer tout le monde, et regardent les joueurs selon leur ancienne conception du jeu ou comme ils se perçoivent eux-mêmes, étant souvent la cause de l'échec des joueurs sur le terrain. Pour ce type d'entraîneurs, si vous êtes un ancien joueur international qui a marqué l'histoire du football et du sport, vous connaissez tous les secrets du football, personne d'autre n'a le droit de vous critiquer, et vous n'avez pas besoin de vous développer ou d'étudier. Il est rare de les voir rechercher une formation continue, pratique ou scientifique…
C'est pourquoi Mohamed Ouahbi a rassemblé ce qui était perdu chez les autres.
Félicitations à nous pour un entraîneur aussi exceptionnel et félicitations à notre équipe de Lionceaux qui ont rugi comme des Lions au Chili.
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